PAR PierreMF SUR AGORAVOX
M. Julien Dray, venez donc prendre un train de banlieue à la Gare du Nord Je devais passer la soirée à Paris, ce mardi soir. Mon train de banlieue arrive à la gare du Nord, à 20h. Je me dirige vers la station de métro de la ligne 4. Beaucoup d’agitation, beaucoup de cris. Je vois une poubelle voler et s’écraser par terre, juste devant la correspondance avec le RER E. Le garçon cagoulé qui a lancé la poubelle est visiblement fier de lui: il lève les bras en criant avant de partir en courant, avec une demi-douzaine de ses acolytes. Juste après, j’évite la chute d’un énorme pot de fleur, j’ai vraiment eu chaud ! Il y avait un palmier dedans. Pas de policier en vue, je suis surpris. Ah, si, ils sont un peu plus loin. Une dizaine d’entre eux arrivent en courant. L’un d’eux passe la consigne à ses collègues en passant devant moi : "on essaye de choper les cagoulés". Trop tard, les "cagoulés" se sont déjà engouffrés dans un couloir, vers la ligne 5 du métro. Les forces de l’ordre ont visiblement beaucoup de mal à suivre tous les "sauvageons" qui s’en prennent à tout ce qui leur tombe sous la main. Dans la direction du RER B, d’autres casseurs, munis de barres de fer, tapent sur ce qu’ils trouvent : lampes, vitres, ... Un nuage de fumée apparaît dans leur direction. La poignée de policiers s’y précipite en courant. La fumée se repand mais ne pique pas les yeux, ce ne sont pas des gaz lacrymogènes. Un feu allumé par les casseurs sans doute. Sur un mur, une personne bien équipée pour l’occasion tagge un message avec un énorme feutre noir : "ils ont tabassé un adolescent". Il y a de nombreux journalistes, caméra ou micro à la main. Certains se pressent pour leur raconter ce qu’il ont vu. J’entends l’un d’eux témoigner : "les policiers ont agressé un jeune de 13 ans et lui ont cassé les bras, on va pas se laisser faire". Tout cela en moins de deux minutes. Impossible de savoir ce qui se passe réellement. Etrange impression de ne plus savoir dans quel pays je me trouve. Mais si, la France est bien un république, un état de droit. Je me dirige machinalement vers la ligne 4 et je prends le métro pour deux stations. De retour vers 22h15, j’arrive à pied à la gare du Nord pour prendre le train du retour. Devant la gare, de nombreux camions de pompiers et des cars de CRS. L’accès à la salle d’échange du sous-sol de la gare de banlieue est bloqué. J’ai bien fait de faire les deux stations de métro à pied, la correspondance métro/RER a l’air impossible. Par terre, partout, des dégâts. Vitres brisées, poubelles détruites, escalators endommagés, de la terre et des déchets répandus sur le sol, ça fait froid dans le dos. Beaucoup de monde attend assez patiemment de pouvoir accéder au RER. C’est beaucoup plus calme que tout à l’heure. Par chance, mon train de banlieue part de la gare de surface. Il part à l’heure, je suis agréablement surpris. En arrivant chez moi, je zappe sur les chaînes d’info. On y voit des images des violences que je reconnais. Les journalistes déclarent qu’un jeune a eu un bras cassé lors d’un contrôle qui a mal tourné. Sur le site internet du journal Le Monde, on parle d’un trentenaire qui a agressé violemment des fonctionnaires lors d’un contrôle de titre de transport. Le lendemain, plus question du fameux jeune au bras cassé, à l’origine des violences. C’était juste une rumeur colportée, et reprise un moment par les journalistes qui avaient eux aussi bien du mal à savoir ce qui s’est passé. Il s’agit bien d’un clandestin de 32 ans multirécidiviste, en instance d’expulsion, qui a agressé des contrôleurs. L’interpellation de l’agresseur par la police devant quelques "sauvageons" qui séjournent régulièrement dans le sous-sol de la gare du Nord leur a donné un sujet d’occupation. Mais lorsque j’entends le porte-parole du parti socialiste, Julien Dray, estimer que ces affrontements "illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population", je manque de tomber de ma chaise. J’ai réellement l’impression que ces paroles justifient, encouragent, ou pour le moins excusent, le comportement des casseurs et de l’agresseur des fonctionnaires. Peut-être monsieur Dray aurait-il eu un autre langage s’il cotoyait un peu plus régulièrement "la population" qui passe par la Gare du Nord. Il aurait constaté qu’à part quelques zonards habitués des lieux, la "population" n’est pas dressée contre la police. S’il prenait les trains de banlieue tard le soir, il verrait que les wagons remplis sont ceux où passe la police. Il verrait que là où des policiers se trouvent sur les quais, les gens s’approchent. Cela rassure, cela ne crée pas de tension, quelle que soit la couleur de la peau. Il constaterait aussi qu’il y a certains endroits où il vaut mieux ne pas s’attarder. Il verrait que les parkings près des gares de banlieue où des voitures se garent sont ceux qui sont surveillés par les forces de l’ordre et par vidéo surveillance. Les autres sont vides. Marre de se faire casser sa voiture. Il verrait que les usagers de la SNCF ont demandé à ce qu’il y ait la présence d’un représentant de la police ferroviaire sur chaque quai, à l’arrivée de chaque train. Mais ça, le porte parole du PS ne le sait pas. "
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