Suppression des baisses d'impôt et du bouclier fiscal, création d'une nouvelle CSG pour les retraites, de nouvelles taxes pour les entreprises... François Hollande n'a pas craint l'impopularité en présentant le programme fiscal du PS. Qu'en pensez-vous? Interview de Francois Fillon à Jean Marc Plantade du "Parisien" sur le programme "fiscal" de Royal:
François Fillon: Pendant que Ségolène Royal amuse la galerie avec ses jurys populaires, des belles images et des idées floues, François Hollande, lui, jette le masque. Il dit crûment aux Français ce que sera le retour de la gauche au pouvoir. Après les 35 heures de Jospin, voici l’indigestion fiscale de monsieur Royal. Une avalanche d’impôts supplémentaire. 18 milliards d’euros soit 1 point de PIB. Sans compter une nouvelle CSG pour financer les retraites. C'est un contresens économique et historique inouï, j'en suis encore abasourdi! Je rappelle que la Gauche, en 2 000- 2 002, avait, sous Laurent Fabius et Lionel Jospin, engagé une baisse de la fiscalité en faisant valoir « le poids insupportable des impôts». Les propositions de Hollande sont l'assurance d’un recul économique durable. Tout cela parce que le PS refuse de traiter les problèmes au fond.
Que voulez-vous dire?
Au lieu de dire la vérité aux Français sur le décrochage économique enclenché depuis 25 ans et qui nous a conduit de la 9° à la 17° place mondiale au titre de la richesse par habitant, les socialistes préfèrent l’usage intensif de la morphine fiscale. Il faut à tout prix éviter les réformes, les changements, les traitements au fond du mal français. Le fait que Jacques Chirac se soit fait élire sur un programme de baisse d'un tiers de l'impôt sur le revenu et de baisse des prélèvements obligatoires - très partiellement appliquées- ne vous sape-t-il pas définitivement votre argumentaire? Certes, mais en campagne électorale tout cela n'est guère mobilisateur... Vous trouvez que l’annonce d’une augmentation tout azimut de la fiscalité l’est ?
L’heure de la vérité a sonné! Promettre aux français de résoudre l’emploi, le pouvoir d’achat, la croissance insuffisante par l’impôt est une escroquerie. A quoi sert de parler d’augmentation des salaires si elle est aussitôt absorbée par l’augmentation de la CSG. Comment lutter contre les délocalisations en renchérissant le coût du travail. Comment réduire l’évasion fiscale en creusant encore l’écart qui nous sépare de nos voisins européens ?
Reste qu'en exploitant l'affaire Johnny, François Hollande a bien joué le coup, non?
Je suis persuadé que les Français, et en particulier les plus modestes, savent très bien que le jour où il n'y aura plus un seul grand artiste, créateur, chef d'entreprise... pour payer ses impôts en France, ils ne paieront pas moins d'impôts. Au contraire, ils seront plus pauvres car il y aura moins de travail. Sur ce dossier, on ne peut pas se contenter de donner une leçon de morale comme le fait la Gauche. Il faut regarder la réalité en face. Aucun parti socialiste européen n’adopte plus ces postures idéologiques qui n’ont jamais conduit qu’à l’appauvrissement des pays qui les ont mis en œuvre.
Et l'idée d'une CSG-retraite semble vous hérisser le poil...
C’est la démonstration la plus éclatante de l'irresponsabilité du Parti socialiste. Au lieu de traiter sérieusement la question des retraites en prenant en compte l'allongement de la durée de la vie et en partageant cette dernière entre le travail et la retraite, comme l’ont fait tous les européens sans exception, il préfère faire payer les salariés et les entreprises, c'est-à-dire in fine les consommateurs, plutôt que de réformer les régimes spéciaux et d'allonger la durée des cotisations. Vouloir comme les socialistes revenir sur l’allongement de la durée de cotisation à 41 ans prévue par la loi en 2008 conduirai à la faillite de notre système de retraite. L’augmentation des cotisations ou la création d’une nouvelle CSG ne sont pas des solutions viables car elles conduiront à la réduction de l’offre d’emploi en France et donc à la diminution du nombre des cotisants. Perte de pouvoir d’achat, recul de la compétitivité et remontée du chômage, voilà ce qui nous attend avec le programme du Parti Socialiste.
Le PS revendique un Smic à 1 500 euros mensuels, ça devrait relancer le pouvoir d'achat?
Depuis 2 002, nous avons augmenté le Smic de 17%. C’est beaucoup plus que ce que proposent les socialistes. Force est de constater que cela n’a pas résolu la question du pouvoir d’achat et a conduit à un écrasement de la hiérarchie des salaires. Que veut on ? Que la moitié des français soient au SMIC ? Nous, nous proposons de travailler plus pour gagner plus. En libérant les heures supplémentaires, en permettant aux salariés de choisir entre la RTT et du pouvoir d’achat supplémentaire.
François Hollande critique le projet de prélèvement à la source du gouvernement, que lui répondez-vous?
Nous sommes favorables au prélèvement à la source car il permet de réduire les coûts de recouvrement de l'impôt. Mais il n'a aucune incidence sur le montant de ce que l'on paye.
Il semble que les annonces du Premier ministre et du ministre de l'Economie sur le prélèvement à la source gênent l'UMP?
Non, mais nous rentrons désormais dans une période de débat. Il ne faudrait pas qu'il soit pollué par des annonces qui engagent au delà de la période électorale. C'est une question de cohérence.
La baisse des impôts doit bien être réelle puisqu'une des premières propositions de François Hollande est de revenir dessus. Cette stratégie fiscale est à l’opposé de celle que nous proposons à l'UMP. Nous considérons que la priorité est à la réduction de l’endettement que nous voulons faire repasser en dessous de la barre des 60% du PIB et du déficit qui doit être strictement destiné à financer les dépenses d’avenir. Ce n’est que lorsque cet objectif sera atteint que nous engagerons une baisse de la fiscalité avec une priorité pour les entreprises qui supportent le plus lourd prélèvement de tous les pays développés.
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