"Les 2 et 3 février prochain se tiendra à Paris la conférence sur l’environnement, à laquelle le président de la République a convié les représentants d’une cinquantaine de pays. L’objectif de cette conférence est à la fois simple et ambitieux : lancer un appel solennel en faveur de la création d’une Organisation des nations unies pour l’environnement (Onue), comme il existe des organisations mondiales pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), pour la santé (OMS) et pour le commerce (OMC).
Qui peut nier qu’il y ait urgence? Après une période où prévalaient le doute ou l’insouciance, les opinions publiques, sensibilisées par les avertissements de plusieurs personnalités dont la parole a une forte résonance médiatique, sont en train d’accomplir une véritable révolution intellectuelle et morale : elles prennent conscience que, pour la première fois de son histoire, l’humanité a les moyens de se détruire et de détruire sa planète. Tout à coup, l’humanité comprend que c’est sa survie qui est en jeu, qu’un suicide collectif est en marche, qu’il y a « le feu dans la maison ». Je ne m’attarderai pas sur le constat. Il commence à être connu, même s’il y a encore beaucoup à faire pour vaincre le scepticisme ou l’ignorance.
Le réchauffement climatique est sans doute le défi majeur. La déforestation, qui, malgré les mises en garde les plus alarmistes, se poursuit à un rythme effrayant dans toutes les grandes forêts primaires, aggrave le phénomène en réduisant les capacités mondiales d’absorption du CO2. La surexploitation des ressources naturelles nous prépare des lendemains douloureux. Si les pays émergents venaient peu à peu à en consommer autant par tête d’habitant que le font les grands pays développés, plusieurs planètes n’y suffiraient pas.
La biodiversité recule : le nombre d’espèces vivantes qui disparaissent chaque année est stupéfiant. Sans tomber dans le malthusianisme, on peut aussi rappeler que l’augmentation exponentielle de la population humaine depuis le XIXe siècle est l’une des causes principales des déséquilibres de tous ordres qui fragilisent la vie sur Terre. J’arrête là ce rapide résumé des défis que nous avons à affronter.
Au-delà du constat, c’est la recherche de solutions qui doit maintenant nous mobiliser. Il nous faut d’abord bien définir l’objectif. Le but n’est pas de produire moins, de consommer moins, de se déplacer moins… mais de produire autrement, de consommer autrement, de se déplacer autrement. Ce n’est pas la décroissance qu’il nous faut organiser, mais une autre forme de croissance, mesurée sans doute par un outil statistique un peu moins fruste que notre actuel PNB (encore que celui-ci inclue les services, si précieux pour notre bien-être…), une croissance écologique qui s’ac¬compagne en tout cas de la décroissance des gaspillages et de l’épuisement des ressources non renouvelables. Il nous faut créer une grande chaîne d’initiatives, du local au global. Lire la suite
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