Par Jean d'Ormesson, de l'Académie française. sur www.figaro.fr
Les aspirants à la présidence étaient nombreux et il était permis de craindre un éparpillement des voix. Rien de tel ne s'est produit. Tous les candidats stagnent à des niveaux dérisoires - sauf quatre d'entre eux qui se répartissent la totalité des voix : un peu moins d'un tiers pour la droite, un peu moins d'un tiers pour la gauche, un peu moins d'un tiers pour les deux candidats qui récusent à la fois la droite et la gauche. Depuis plusieurs années, Le Pen caracolait seul entre les deux blocs rivaux. Voilà que le bruit a couru que les signatures nécessaires à sa candidature allaient lui faire défaut. Des millions d'électeurs risquaient de ne pas être représentés. Heureusement pour la démocratie, un tel scandale, sans doute un peu fabriqué, en tout cas aux conséquences imprévisibles, sera évité. Mais Le Pen n'est plus seul à vouloir se frayer un chemin entre les massifs de l'UMP et du PS : François Bayrou le talonne, et peut-être le dépasse.
Le patron de l'UDF est le grand paradoxe de la campagne présidentielle. Parti de Giscard, de Barre, de Monory, de Méhaignerie, d'Alphandéry, de Barrot, de Fourcade, de Léotard, l'UDF était ancrée à droite. Et ses électeurs aussi. Aucun membre de l'UDF n'aurait pu prendre à son compte la formule de Jacques Chirac : « Le libéralisme, comme le communisme, est une perversion de la pensée humaine. » L'ambition présidentielle de François Bayrou a transformé ce parti de droite en une machine de guerre intermédiaire entre l'UMP et le PS et les combattant l'un et l'autre. lire la suite