Dans un entretien paru dans Sens Public, revue sur Internet, l’ancien Premier Ministre Michel Rocard dénonce « l’anticipation médiatique » de la précampagne présidentielle : « la loi, dans sa sagesse, prévoit pour la campagne présidentielle deux mois, qui seront mars et avril prochains. Partout ailleurs, un mois suffit. Deux mois, c'est extraordinairement long ! Je ne suis pas sûr que nous puissions capter et retenir l'attention des citoyens sur des enjeux sérieux pendant une telle période... Préalablement, les formalités administratives doivent être remplies, ceci nous mène à mi-février. Les grands partis s'organisent en fonction d'un tel calendrier, le vrai. Le travail effectué d'élaboration d'un programme, de confrontation des candidats au programme, de sélection du candidat en pondérant le critère de compétence avec celui de charisme, etc., sont prévues à l’UMP, à l’UDF, au PS, au PC entre novembre et janvier. Tout ce qui est antérieur est non pertinent. Avant, le comportement des sondés est ludique et non électoral. De plus, depuis l'origine, tous les gens qui sont partis trop tôt ont perdu. C'est vrai de Poher au cours d'une campagne courte mais annoncée longtemps avant, de Chaban-Delmas, de Barre, de Balladur (…) Mais cette fois, il n'y a pas beaucoup de précédents. La campagne a été anticipée de plus de deux ans par le système médiatique pour vendre du papier. La pré-campagne électorale est ludique et l'électorat ne cristallise pas sur les enjeux. Ce spectacle est tragique. Le système médiatique fait le calendrier et sélectionne candidats et enjeux. Ceci est une forfaiture.
Pensez-vous possible de réguler le traitement médiatique de l'information politique ? Michel Rocard - Je ne vois aucune issue. Je pense qu'ils ont gagné. Nous vivons la décadence du bas empire romain. La démocratie est menacée. C'est irrémédiable. Ils ont le commandement réel du façonnage de l'opinion (...)".
Commentaires